[Kitetoa, les pizzaïolos du Ouèb

Info-hacking versus Journalisme

Le livre La Face cachée du Monde de Pierre Péan et Philippe Cohen semble apporter un éclairage nouveau sur le journalisme. Un drôle de métier, qui suscite depuis toujours toutes sortes de phantasmes. Le journaliste est vite idéalisé sous la forme d'un baroudeur, toujours à l'affût de la bonne info, prêt à tous les risques pour l'acquérir et avant tout, intransigeant. Il défendra le droit à la publication pour l'intérêt commun (tout le monde doit savoir) contre les pouvoirs (politique, économique, judiciaire). Mais en effet, comme le suggère La face cachée du Monde, tout n'est pas toujours comme ça dans ce petit monde. Il y a probablement parmi les journalistes plus de rewriters, se contenant de mettre en forme (journalistique) la parole de la société en général que de figures icônifiables sous la forme de petits clones d'Albert Londres. Sur ce point, le livre n'apprend rien aux habitués des rédactions. Nombreux sont les journalistes qui acceptent des ménages, des invitations gratuites à des spectacles, des voyages ou simplement, des petits « goodies » à l'effigie d'une marque. Mais est-ce-là ce qu'il y a de plus angoissant à propos de cette profession?

Probablement pas. La plupart des entreprises de presse sont désormais aux mains d'intérêts économiques précis: des entreprises industrielles. Comment, dès-lors, avoir la moindre confiance dans les articles publiés si « tout est économique » comme le soutiennent certains? Les pressions sur les rédactions ont été fortes. Elles le sont toujours parfois (le poids de la publicité n'est pas illusoire). Ceci dit, il est courant que les rédactions (avec une discipline commune dans le non dit, les responsabilités sont plus aisément noyées) se censurent inconsciemment. Il est improbable, dans le paysage médiatique actuel que certains sujets soient publiés. Il n'y a pourtant virtuellement rien dans ce monde qui soit trop « chaud » pour être publié. C'est plutôt qu'il y a comme un retour à une certaine forme de puritanisme journalistique. Tous debout, la main sur le coeur, chantant en choeur une sorte de charte du journaliste idéale dans laquelle le politiquement correct à l'américaine viendrait en première place. En cela la vision du livre La face cachée du Monde est probablement juste.

J'avoue qu'après tant d'années de métier (l'auteur est lui-même journaliste, cela n'aura échappé à personne), je m'étonne du manque de passion de pas mal de mes confrères. Tout le monde n'a pas vocation à écrire dans le Monde Diplomatique (ou le souhait), mais l'envie de prendre position, de donner des clefs de lecture de l'actualité devrait traverser l'esprit de certains de temps en temps... Au sein même des rédactions, la prise de position est chaque jour plus difficile. Les articles doivent, toujours sous le souffle d'une censure inconsciente et volontairement assimilée, être le plus factuels possibles.

Le plus déprimant est peut-être de constater chez les jeunes journalistes (la relève) une sorte de fascination pour un journalisme tiède, principalement factuel. Le vrai journalisme serait celui qui consiste à ne pas prendre position. A quoi bon si les faits parlent d'eux-même? De plus, toujours selon cette école, les méthodes de recherche d'information doivent être éthiques. On utilisera pas de méthodes d'investigation trop poussées car cela dénaturerait l'information récoltée. On retrouve cette idée chez les jeunes journalistes (dans certaines écoles comme dans certaines rédactions). Les jeunes (les journalistes « énervés » qui veulent tout changer) sont rejoint par les vieux (Le Monde mais aussi Péan et Cohen) sur un point commun: le journalisme d'investigation ne doit pas aller trop loin. Il y a une ligne rouge quelque part, attention à ne pas la franchir, sans quoi l'information perdrait de sa valeur. Le Monde par exemple refuse d'utiliser certaines informations contre le Front National sous prétexte qu'il n'aimerait pas qu'on utilise le m^eme procédé contre lui. Sa direction l'a d'ailleurs montré avec l'enquête de Péan et de Cohen... A ce jeu, la feuille d'impôts d'un patron d'industrie n'aurait pas sa place dans le Canard Enchaîné. Les auteurs du livre sur le quotidien de référence estiment pour leur part que le journaliste d'investigation façon Le Monde est un journalisme dévoyé, mettant à son propre service le pouvoir conféré par la publication dans ledit journal. Bref, les énervés sont bien tièdes...

Info-hacker plutot que journaliste?

A voir les documents brûlants qui ne sortent pas sous prétexte qu'ils le sont trop, ou ceux qui sortent mais sont rapidement « oubliés » par tout le monde, on pourrait se dire que le journalisme véritablement énervé n'a pas un avenir flamboyant. Faut-il tirer un trait sur ce métier pour autant? Je ne le crois pas. Il y a encore des rédactions qui sont partantes pour des sujets moins passionnants que Star Academy, le Loft ou simplement la mise en forme de communiqués de presses (écrits ou résultant d'un bon gueuleton avec l'attachée de presse). Entre le journalisme tiède et le journalisme énervé, il y a une place pour pas mal de monde. Pour ma part, il me semble que si j'ai su passer du journalisme tiède (et même caisse de résonance) au journalisme intermédiaire, je dévie depuis quelques années vers le journalisme énervé. Sauf que je ne le trouve pas énervé. Ce qui a été fait avec Kitetoa.com par exemple, est simplement de l'Info-Hacking (information hacking). Qu'est-ce donc que ce concept marketing à la noix? L'Info-Hack consiste à prendre une information officielle, c'est à dire délivrée par la source initiale, à la confronter avec toutes les autres informations fournies par la même source par le passé, à confronter par d'autres voies non-officielles cette information à la contradiction de la réalité et, s'il y à lieu, à mettre en lumière les contradictions de la source initiale. A quoi aboutit-on? L'information initiale se retourne contre sa source. Empêtrée dans ses contradictions, celle-ci devient clairement ridicule. Avec la publication du papier, l'émetteur de l'information est « info-hacké »... Là où il attendait un article positif, il constate qu'il est ridicule. Il n'existe pas à ma connaissance de service de presse, d'homme politique ou de PDG, par exemple, qui apprécie de voir la réalité de sa stratégie, décortiquée et nettoyée de ses artifices marketing, être affichée dans la presse.

Reste l'incontournable public, les lecteurs, auditeurs. Que veulent-ils? Qu'est-ce qui est vendeur et pourquoi? Et vous, vous êtes plutôt journalisme ou info-hacking?

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