Loi Godfrain: toujours jeune malgré son âge... Sûrement les lipozomes actifs...
Souviendez-vous, si nous Français, pouvons nous targuer d'avoir la plus belle loi contre le piratage informatique, c'est grâce à M. Godfrain. Jacques, de son prénom, a imaginé ce texte en 1988. Il s'applique toujours et c'est sur la base de cette loi que votre serviteur, attaqué par Tati s'est retrouvé devant un tribunal pénal. Heureusement, le Parquet de Paris a su voir au delà du rapport de police ce qui s'était vraiment passé et le résultat des courses en appel a donné naissance à une jurisprudence qui actualise un peu ce texte, devenu, avec les années et le développement des technologies, quelque peu poussiéreux. Bref. Jacques Godfrain a accordé une interview à l'innénarrable Journal du Net.
Selon lui, il faut une loi anti-spam. Je dois dire que l'on se retrouve là entre deux papiers récents de Kitetoa. L'un sur la profondeur et la pertinence du Journal du Net, l'autre, sur le Spam, ce truc à la mode. Tout le monde veut des lois contre le spam. Oubliant par ailleurs que le Net s'autorégule assez bien (techniquement) depuis des lustres. Et que le spam de la vie réelle (les prospectus) sont toujours là, que personne ne se lève pour obtenir réellement une loi bien répressive pour les grandes enseignes qui nous bourrent la boite-aux-lettres tous les matin. Au pire, on leur imposera de payer la destruction de leurs prospectus.
Parmi les trois questions posées au député (deux sur le spam, sans intérêt) une a retenu mon attention: "Selon vous, la loi Godfrain aurait-elle besoin d'un dépoussiérage ?". Devinez la réponse... "Non. Elle est applicable dans l'état. Je trouve qu'elle n'a pas beaucoup vieilli. Même les notions techniques de l'époque restent encore compréhensibles malgré l'évolution des technologies. Aujourd'hui, les parquets sont très prudents dans le domaine du spam car le cadre juridique n'est pas clairement défini. En France, il n'existe toujours pas de grand magistrat de la fraude informatique."
Notions techniques
Je l'avoue, les "notions techniques de l'époque" restent en effet tout à fait "compréhensibles" et c'est tant mieux. Cela veut au moins dire que quelques techniciens n'ont pas perdu la mémoire malgré leur grand âge.
Ceci dit, je crois humblement que les technologies ont un peu évolué depuis 1988. Un peu beaucoup même. Or si les technologies ont évolué, les menaces aussi. Les réponses devraient peut être également être revues? Non?
Cela a-t-il un sens de punir de trois ans de prison quelqu'un qui change une page d'accueil pour coller son message particulièrement intellectuel: "cyber_warlordz ownz you"? Peut-on raisonnablement parler de "maintien" aujourd'hui comme on le faisait en 1988? Peut-on raisonnablement estimer que les menaces sont les mêmes dans un monde ou l'on ne parlait même pas d'interconnexion des réseaux et dans celui que nous connaissons aujourd'hui? Peut-on se contenter d'arrestations et d'éventuelles condamnations de gamins ayant piraté une petite base de données d'un pauvre site Internet, soit-il gouvernemental? N'y a-t-il pas plutôt un risque à laisser toutes ces entreprises, tous ces gouvernements interconnecter ce qui ne doit pas l'être, stocker des informations sensibles ou confidentielles là où elles sont en accès libre? Dire que tous ces nouveaux "services" sont "utiles" et là pour notre bien? Doit-on accepter que des gens soient poursuivis pour avoir détecté une faille dans un logiciel plutôt que de forcer les éditeurs à fournir un code propre? Ne sont-ils pas, eux, en train de préparer le terrain pour une une vraie catastrophe dans un avenir plus ou moins proche? Peut-on imaginer qu'il est possible de rendre les troupes américaines aveugles sur le terrain en faisant taire quelques serveurs aux Etas-Unis? Peut-on accepter que la circulation d'une grande ville américaine puisse être mise sans dessus dessous en raison de l'incurie des responsables de ladite ville? Peut-on imaginer qu'avec le vote électronique et tout ce qu'il y aura autour, le résultat d'une élection importante soit faussé? Tout cela est à portée de clavier. A une encablure cybernétique d'ici. Et le plus drôle, c'est qu'il est perrilleux de parler de tout ça. Ils sont tranquilles, il y a peu de chance que la presse, par exemple, leur balance tout ça en pleine poire...
La cyber-guerre, le cyber-terorisme est un leurre agité par les gouvernements pour mieux contrôler notre vie en ligne. Ce n'est pas un mystère. Le problème est double. D'une part, les agitateurs de leurres ne savent pas de quoi ils parlent, leur imagination pourtant débordante est dépassée par la réalité. D'autre part, ils ne font rien pour améliorer la situation puisqu'ils pensent qu'il s'agit d'un leurre. Au contraire.
Jusqu'ici, cette maskirovska ne servait qu'à faire passer des lois délirantes sans provoquer de remous. Accepteriez-vous que vos conversations soient enregistrées pendant un an, même au café du coin? Que vos lettres soient photocopiées par la poste et conservées pendant un an? Que vos déplacements soient contrôlés? Ce n'est rien d'autre que ce qui est fait ou le sera d'ici très peu de temps avec Internet. Tout ça pourquoi? Parce que le danger de la la cyber-guerre et du cyber-terrorisme plane, selon les gouvernements... Pourtant, ils savent bien que les dangers ne sont pas dûs à de simples internautes. Ils devraient également savoir qu'à force de donner du grain à moudre aux vrais cyber-vilains, ils finiront par avoir de vrais problèmes. Mais c'est peut-être ce qu'ils cherchent? Je dois être un brin trop parano. Où alors je surestime leur intelligence.