Saddam Hussein: le bal des faux-culs |
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Update du 15 décembre au soir... Si vous demandez ce qui fait que vos journaux ont tous à peu près la même histoire à vous raconter le matin et souvent de la même manière, c'est que vous ne connaissez ni la "loi de proximité", ni la "hiérarchie de l'information"... Et patati et patata, le plus méchant de tous les dictateurs est tombé..., un jour historique..., celui qui a opprimé le peuple irakien pendant trente ans..., le tyran est tombé sans qu'un coup de feu ne soit tiré... On peut se demander quelles seront les répercussions sur l'évolution de la situation en Irak... On peut dire que la couverture médiatique de l'arrestation de Saddam Hussein par la presse est "globale". Ce n'est pas une guerre globale, c'est une couverture médiatique globale. Personne n'a fait l'impasse. Personne n'a choisi une couverture minimaliste. Avec la même impudeur qui leur permet, au nom de la "hiérarchie de l'information", de réduire à quelques secondes le bombardement de neuf enfants en Afghanistan, ils ont traité l'arrestation de Saddam Hussein sur la majeure partie de leurs journaux. Un tel non événement transformé en tarte à la crème du jour, ça a quelque chose de tellement pathétique... Lorsque j'ai commencé ce métier, il y avait des documentalistes. Mais la "réalité économique" a eu raison de leur boulot, et donc de leur vie. C'est peut-être pour cela que mes collègues ont aujourd'hui traité leur tarte à la crème sans pratiquement aucune mise en perspective. Dommage parce que cela aurait mis en lumière le merveilleux bal des faux-culs auquel on a pu assister en direct toute la journée. Ils auraient par exemple pu relever qu'il est plus "normal" d'arrêter Saddam Hussein que Augusto Pinochet, Kim Jong-il ou encore les dirigeants Iraniens... L'arrestation a été menée conjointement par des forces spéciales américaines et des peshmergas kurdes. Pas rancuniers les bougres. Et les journalistes ont eux une courte mémoire. Citons donc au hasard l'encyclopédie de Yahoo! :"Encouragées par les coalisés, des insurrections éclatent dans le Sud chiite et au Kurdistan au lendemain du cessez-le-feu. Le 4 mars, les Kurdes prennent Sulaimaniya, et contrôlent dès le 24 tout le Kurdistan irakien. Dans le Sud, les insurgés tuent des membres du parti Baas. La Garde républicaine, fidèle à S. Hussein, utilise des hélicoptères - dont l'emploi est autorisé par les accords de cessez-le-feu - pour abattre massivement les chiites et reprendre l'avantage au sud. À la fin mars, le Kurdistan est attaqué: 2 millions de Kurdes fuient vers les frontières turque et iranienne par peur des bombes chimiques (responsables de 5 000 morts en 1988). Les Américains, qui avaient appelé au renversement de S. Hussein, condamnent la brutalité de la répression, mais refusent d'intervenir «dans les affaires intérieures de l'Iraq». Le 5 avril cependant, l'ONU invoque le «droit d'ingérence humanitaire» pour aider l'immense masse des réfugiés irakiens, kurdes essentiellement, que les troupes alliées incitent bientôt à rentrer, sous leur protection, en Iraq.". Marrant non? On dirait que l'invité d'honneur de ce bal des faux culs de Tikrit n'est autre que l'Amérique. Les seconds sont les Kurdes. L'arrestation s'est faite "sans qu'un seul coup de feu ne soit tiré. Il n'y a eu aucune blessure", a indiqué sans rire le général Ricardo Sanchez, commandant des forces américaines en Irak. Les 15 enfants tués en Afghanistan par les avions américains auraient bien aimé autant de retenue. C'est bizarre cette décision de balancer des avions A-10 anti-chars contre un taliban avec les effets que l'on sait, tandis qu'on envoie 600 hommes au sol, tout à fait maîtres d'eux-mêmes pour Saddam Hussein. Les Irakiens apprécieront par ailleurs le petit mot de Jacques Chirac: "C'est un événement majeur qui devrait fortement contribuer à la démocratisation et à la stabilisation de l'Irak et permettre aux Irakiens de retrouver la maîtrise de leur destin dans un Irak souverain". Dans notre bal des faux-culs, notre président se positionne assez bien. A ce stade, citons les collègues de Radio-France qui ont réalisé un dossier très complet sur l'Irak: "En 1975, Jacques Chirac, alors jeune Premier ministre, pose aux côtés de son "ami personnel", le dirigeant irakien, Saddam Hussein. A cette époque, l'Irak et la France signent plusieurs contrats militaires portant sur la vente de Mirage, missiles, blindés, et un accord de coopération nucléaire pour un programme civil qui conduira à la livraison, par Paris, de deux réacteurs (Tamuz 1 et 2), détruits en 1981 par un bombardement israélien. Pendant la guerre Iran-Irak, la France reste l'amie fidèle du régime de Bagdad, fermant les yeux sur la nature même de ce régime. Les ventes d'armes continuent et la France assure Saddam Hussein de son soutien "face à la poussée iranienne". Les gestes amicaux se poursuivent tout au long des années 80, atteignant leur sommet en juillet 1990, quand Paris signe avec Bagdad un accord sur le rééchelonnement de la dette irakienne..." Les Américains ne sont pas en reste. Ils ont toujours commercé (économiquement et diplomatiquement) avec l'ami Saddam avant que celui-ci ne trouve plus grâce à leurs yeux. Un peu comme Oussama ben Laden. George Bush et sa troupe devraient peut-être jeter un regard à copainsdavant.com avant de prendre des décisions qui les rendent ridicules. Ils verraient ce qu'ils ont fait avant d'arriver au pouvoir... La gargarisation internationale du jour ressemble par certains côtés à une jolie «maskirovska». C'était le nom donné par les russes à leurs écrans de fumée quand ils lançaient une opération d'envergure. Avec l'arrestation de Saddam Hussein, George Bush nous explique que "Our security is assured by our perseverance and by our sure belief in the success of liberty.". Au départ, pour ceux qui s'en souviennent, les Etats-Unis se sont lancés dans une guerre sans terrain de bataille précis à la suite d'un odieux attentat contre les tours du World Trade Center. Ils avaient désigné un certain Ousama ben Laden comme responsable de ce carnage. Ils ont donc envahi l'Afghanistan où ce méga-vilain se cachait. Depuis qu'Oussama ben Laden a disparu dans ce même pays, le super-héros George Captain Walter America Bush Jr. n'oublie pas d'oublier de parler de lui. Il préfère le super-vilain Saddam. Quant au mollah Omar, il ne reste plus grand monde pour se souvenir de qui c'est. Bon, toujours pour faire un petit flash-back, Captain America était parti pour Bagdad afin de détruire les vilaines Armes de Destruction Massive (ADM owns you dude) de Saddam. Celles qui pouvaient être déployées en quelques minutes, si l'on en croit les britanniques. Malheur pourtant, le super-pouvoir de Captain America qui lui permet de dénicher des ADM dans une meule de foin ne fonctionnent pas en Irak à cause de la Kriptonite très présente dans les sous-sols de ce pays. Bilan, pas une ADM de trouvée. M'enfin, tant que l'on parle de Saddam, on ne parle pas des "motivations" annoncées de cette guerre. Ce n'est pas forcément mauvais non plus à onze mois des élections présidentielles américaines d'engranger un succès qui sera mille fois plus médiatisé que les 15 gamins explosés au missile anti-char ou les GI's qui se font descendre tous les jours au détour d'une piste irakienne. Le plus marrant est peut-être d'entendre des "spécialistes" s'interroger sur les effets de cette arrestation sur la résistance irakienne. Ca va peut-être les calmer. Peut-être pas. Pour l'instant, les faux-culs ont gagné la bataille médiatique. Et nous, grâce à George Captain Walter America Bush Jr., demain, on va se réveiller dans un monde plus sûr, où notre liberté sera préservée. Et ça, ça n'a pas de prix. Hein?! |
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